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De l’EPN à l’Espace de Pratiques Numériques en passant par le fablab : Les EPN en bibliothèques

De nombreuses bibliothèques possèdent un espace multimédia proposant une offre de formation. Cependant, comme le souligne Hubert Guillaud,  l’offre de formation a peu évolué, se limitant au triptyque bureautique, courriel et web, même l’offre jeux en réseau reste un épiphénomène. Dans le même temps les usages évoluent et les espaces mulitmédias peinent à attirer de nouveaux publics.

Il y a toujours un besoin de formation “basique” qui reste très important notamment aux Ulis où chaque année nous sommes dans l’obligation de refuser du monde malgré nos 4 ateliers hebdomadaires. Mais force est de constater que cette offre d’atelier attire uniquement un public senior qui fréquente déjà la médiathèque.

Pour attirer de nouveaux publics, montrer aux actifs,  aux jeunes que l’espace multimédia n’est pas uniquement synonyme de découverte du bureau Windows. Il est nécessaire de revoir le contenu des ateliers mais aussi s’interroger sur leurs fonctionnement.

Hybrider

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Atelier DIY médiathèque des Ulis

Une piste possible d’évolution pour ces Espace Pubics Numériques serait d’accompagner les usagers à la fabrication numérique personnelle. Cela permettrait d’apporter une autre vision du numérique (différente de l’informatique bureautique) tout en montrant les liens entre l’univers numérique et l’univers physique. Trop souvent l’univers numérique est présenté comme n’ayant aucun impact sur le monde physique et donc aucune importance. Montrer qu’il est possible de passer du numérique au physique et inversement. Par les machines à commande numérique, les objets connectés, la mise en place d’installation … Les outils présents dans les fablabs, Makerspace sont une source incroyable d’idées d’ateliers pour montrer les perspectives existantes et voir comment le numérique peut continuer à changer notre environnement. Sans aller jusqu’à s’équiper en imprimante 3D ou découpeuse laser, des cartes de programmation Arduino, Makey Makey  ou des ordinateurs Raspberry Pipermettent de connecter des objets du quotidien à internet,  d’hybrider le physique et le numérique.  Monter un atelier pour découvrir la programmation en créant un jeu vidéo, créer une installation interactive permettant de voyager en vélo d’appartement partout dans le monde ou  apprendre à souder un crayon  musical. Supposant que vous soyez déjà équipés d’ordinateurs le coût de ces matériels reste modeste (compter de 20 euros pour une carte Arduino à 50 pour un kit Makey Makey).

L’aspect technique est un frein pour de nombreux bibliothécaires et animateurs multimédia, le bricolage nécessaire pour l’instant au fonctionnement de ces machines demande un temps de formation et d’expérimentation, mais rien d’insurmontable qui ne soit pas déjà documenté. Une plateforme comme la carte Makey Makey permet de monter simplement des installations sans avoir à souder ni même programmer. Les dernières imprimantes 3D lancées sont vendues montées, calibrées, avec un logiciel d’aide à la création 3D. Enfin des sites comme instructables permettent à des passionnés de documenter pas à pas leurs projets : du smartphone volant au “Panic desktop button” (à installer sous la banque de prêt)  et de les partager sous licences libres.

La médiathèque n’est pas seulement un lieu de stockage et d’accès à des contenus mais un espace de rencontre et de création. Il s’agit moins de gérer des collections que d’accompagner les usagers. Des communautés qui se retrouvent en fonction des animations proposées : clubs de lecture, ateliers d’écriture, de robotique, de cuisine, de création de BD, expositions, lectures, contes, marionnettes, séance d’enregistrement en public d’un groupe local, création d’un recueil de nouvelles, visite guidée découverte du patrimoine etc… Si nous pouvons envisager ce type de médiation pour nos fonds romans, musique, patrimoine, jeunesse, pourquoi ne pourrions nous pas le mettre en place pour la valorisation de la culture scientifique et technique ?

L’espace de pratique numérique

Thomas Fourmeux le rappelle toutes les bibs et tous les espaces multimédias ne pourront pas accueillir de fablabs, mais sans aller jusque là il est toutefois possible de s’inspirer de leurs modes de fonctionnement pour faire évoluer nos Espaces Publics Numériques en Espaces de Pratiques Numériques.

“Ce sont des lieux qui s’inscrivent dans la dynamique des tiers-lieux. Il s’agit d’espaces de partage, d’échanges et de coopération où les rapports entre individus sont horizontaux et fonctionnent sur le modèle du pair à pair. Cette ouverture et cette accessibilité massive favorisent également le transfert de compétences d’un individu à l autre. Cette mutualisation des savoirs et des compétences est par ailleurs un important facteur de développement pour l’innovation individuelle et collective.” Biblionumericus- Fab L(a)brary

Mettre une imprimante 3D dans un coin ne suffit pas, il faut créer un espace sans pression où l’on a le droit à l’erreur, favorisant  l’expérimentation, la découverte à son rythme en fonction de ses envies de ses projets. C’est cette dimension horizontale du fonctionnement de ces lieux qui est  centrale et qui va modifier notre manière de travailler. En effet, Le bibliobidouilleur doit faciliter l’accès aux machines mais n’a pas spécialement besoin d’être un spécialiste dans l’utilisation de chacune. Le fablab étant un lieu de partage horizontal les usagers en sont également responsables et invités à expérimenter tester pour en tirer le meilleur parti.

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Les coding gouters sont un très bon exemple de ce type de fonctionnement. Chaque mois parents et enfants  se rassemblent jouent avec des outils de programmation.  Pas d’atelier, pas de cours tout le monde apprend ensemble, expérimente de nouveaux outils, travaille sur son projet ou aide un copain. Avant de présenter son travail aux autres et de partager un goûter.

“la raison d’être du Coding Goûter c’est le plaisir de programmer ensemble. C’est un terrain de jeu et de découverte.”

Pas d’animateur, pour organiser l’animation. L’espace, comme le déroulement,  est géré par les participants. Un moment où l’on peut “pratiquer” le numérique en collaborant, en explorant.

Les projets réalisés dans le cadre du fablab doivent être documentés publiés sous une licence permettant leur réutilisation à titre personnel. Au passage les participants développent leurs compétences informationnelles en documentant, texte, photo, vidéo. Le tout à destination d’une communauté, d’un territoire. La mise en place de cet espace de partage offre une visibilité aux projets des habitants et incite d’autres personnes à s’y essayer. En copiant par eux même puis en modifiant les projets pour les adapter à leurs besoins ou juste par curiosité “pour voir ce que ça fait “

Il est plus facile ensuite de faire appel à la personne ayant réalisé le projet pour demander un conseil ou un accompagnement. Le bibliobidouilleur ne sera pas forcément le plus indiqué pour accompagner les usagers,  mais sera certainement capable de retrouver et mettre en relation les personnes ayant les mêmes centres d’intérêts / besoins autour d’un projet commun.

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